Les thématiques
Il était en effet important pour nous de symboliquement rappeler l’existence de ces derniers tout en luttant contre les idées reçues qui peuvent exister sur leur situation aussi multiple que le nombre de sans-chez-soi vivant dans nos rues.
Cette exposition ayant pour but de relater la vie des personnes sans-abri au jour le jour, nous nous sommes concentrés sur quatre thèmes, chacun divisé en sous-catégories afin d’aborder le plus de situations possibles issues de la vie quotidienne :
- L’hygiène et la santé
- Les interactions sociales et l’accès à la culture
- Dormir la rue et trouver un logement durable
- Les violences et addictions
Nous voulons parler du phénomène dans sa globalité et passer en revue la plupart des aspects quotidiens, aussi basiques qu’ils puissent paraître, comme se laver, s’occuper ou encore garder ses affaires. Ainsi, nous offrirons un nouvel éclairage sur la condition des personnes vivant en rue, fidèle à la réalité.
En pratique, les onze photographes et reporters se sont répartis les différents thèmes en fonction de leur affinité personnelle, et sont partis à la rencontre de personnes sans-abri et mal logées, en rue ou au sein des différentes associations partenaires du projet. Selon les thématiques, nous avons obtenu un melting pot de portraits, photos d’ensembles et témoignages.
Le résultat final obtenu désire casser les préjugés, rapprocher et rassembler les gens autour de cette thématique pour mieux la faire comprendre par ceux qui la vivent directement.
L'hygiène, un besoin essentiel
Le logement, un droit fondamental
L’importance des interactions sociales
Les violences et addictions
L’hygiène est liée à notre corps, à notre intimité, et donc aussi à notre identité. Un besoin basique qui impacte également la santé, et auquel chaque être humain devrait avoir accès, gratuitement. Un besoin, pourtant essentiel, mais difficilement accessible aux 5313 personnes sans-abri ou mal-logées (habitant.e.s de logements insalubres) recensées dans la capitale (chiffre issu du dernier dénombrement datant du 9/11/2020, par Brusshelp en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin). L’hygiène du corps reflète la première chose que l’on offre aux individus en face de soi. Si l’on n’a pas une bonne image de soi, que doit penser l’autre, en face de nous ? Car être bien dans son corps, c’est aussi un moyen d’avoir une perception positive de nous-même et ainsi se sentir intégré.e dans la société.
Nous avons tou.te.s besoin d’un toit, d’un endroit où nous reposer, prendre soin de nous, nous sentir en sécurité, nous sentir chez nous. Se loger est donc un droit fondamental. Pourtant, aujourd’hui en Belgique, des milliers de personnes dorment dans la rue. Des milliers de personnes n’arrivent pas à payer leur loyer. Des milliers de personnes vivent dans un logement insalubre, ou trop petit, et des milliers d’autres ont peur de ne pas trouver à se loger ou à se reloger dans des conditions décentes. Trouver un logement durable est donc souvent un long parcours du combattant : il y a trop de conditions, trop d’étapes. C’est pourquoi des solutions émergent, comme les AIS (Agence Immobilière Sociale), ou encore la méthode Housing First.
L’isolement social frappe bien souvent aussi durement que la pauvreté. A la rue, les journées sont longues, et les nuits loin d’être reposantes. Se sentir attendu, écouté et considéré est primordial pour garder le moral et ne pas sombrer. Les contacts humains sont parfois autant revigorants qu’un repas ou une nuit au chaud. Dès lors, comment s’occuper et organiser son temps lorsqu’on est en situation précaire ? Faciliter l’accès à la culture, lire des livres, participer à des ateliers plastiques, se (re)construire une identité vestimentaire sont autant de moyens pour (re)créer du lien social, s’occuper l’esprit et, ainsi, s’évader quelque peu.
L’imaginaire collectif associe souvent le sans-abrisme à la violence en rue et aux addictions en tout genre. Or, ce n’est ni une généralité, ni une fatalité ! Comme dans chaque milieu social, ces notions cohabitent. Beaucoup de personnes en situation précaire ont la volonté de s’en sortir. L’important est de réduire les risques et d’informer sur les bonnes pratiques. Malheureusement, les passages fréquents à la rue et les logements précaires engendrent stress, froid, addictions, violences, ce qui abîme les personnes sans-abri. Leur corps en porte les traces. Pour se protéger, ils se cachent dans la masse et deviennent invisibles.